Montegrossu : 5è édition des Assises de la montagne corse, 10 et 11 février 2022

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Angèle BASTIANI

Présidente

Montegrossu : 5è édition des Assises de la montagne corse, 10 et 11 février 2022

16/02/22

L’ATC est présente à Montegrossu pour la 5è édition des Assises de la montagne corse 

 

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Scontri di a muntagna corsa

 » Siate attore di u vostru territoriu! « 

La Présidente de l’Agence du Tourisme de la Corse, Madame Angèle Bastiani, est présente au rendez-vous annuel des acteurs des territoires de l’intérieur de l’Ile « I Scontri di a muntagna corsa » qui sont l’occasion d’échanges et de débats autour de différentes thématiques de développement liées à la montagne pouvant donner lieu à la capitalisation de bonnes pratiques et à la définition d’axes stratégiques, qui seront soumis à l’approbation de l ’Assemblée de Corse.
A cette occasion, Madame Angèle Bastiani (ATC) et Monsieur Guy Armanet (OEC) ont présenté le 10 février les ateliers relatifs à la gestion de la fréquentation touristique.

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Retrouvez ci-dessous l’intégralité de l’intervention d’Angèle Bastiani,  présidente de l’Agence du Tourisme de la Corse

Monsieur le Président de l’exécutif, Monsieur le Président du Comité de Massif, Monsieur le Député,  messieurs les conseillers exécutifs, mesdames et messieurs les conseillers territoriaux, mesdames et messieurs les maires et élus intercommunaux,  
Merci à Jean Marc Borri, le maire de Montegrossu, de nous accueillir ce jour dans le cadre de ces rencontres organisées par le comité de Massif. Merci bien sûr à Jean-Félix Acquaviva de m’y avoir conviée afin d’évoquer avec vous la fréquentation des sites touristiques.  
En tant que Présidente de l’Agence du Tourisme de la Corse, je suis fréquemment interrogée sur le sujet de la fréquentation des sites touristiques, parfois appelée “surfréquentation”. J’ai été sollicitée d’ailleurs il y a quelques semaines à l’Assemblée de Corse à ce propos, et pour cause, Il s’agit d’une question brûlante, où se mêlent à la fois des inquiétudes légitimes, et des appréciations différentes.  
L’économie touristique directe représentait, en 2017, 39% du PIB de notre île, et certainement bien plus de manière induite. Cette manne importante, qui est notre première source de revenus et qui fait vivre des milliers de Corse, comporte aussi des désagréments qui bien entendu, rendent parfois son acceptabilité difficile.  
L’immense majorité de ces désagréments liés au tourisme sur notre île découle du phénomène de « pic » de population dont souffre la Corse au plus fort de l’été, et qui n’est d’ailleurs pas uniquement dû à la fréquentation touristique.  
En effet, si on représente par une courbe annuelle le nombre de personnes présentes sur l’île en même temps, cette dernière n’a pas la forme d’une colline, mais bien d’une aiguille.  
Ce fameux pic est très précis et chiffré. La variation de population présente en Corse sur une année prend ainsi la forme d’une courbe très abrupte dont le sommet se situe entre le 5 et le 12 août. Ce pic représente, selon l’INSEE, 430 000 personnes environ présentes dans l’île en plus de la population résidente, et dure quelques jours (une dizaine de jours tout au plus). La population hivernale de l’île, à ce moment précis est multipliée par 2,30. Cela représente donc, au maximum, 760 000 personnes présentes sur notre territoire.  
Bien sûr, c’est à ce moment-là que se déclenchent l’ensemble des problèmes : saturation du réseau téléphonique, saturation du réseau électrique, surconsommation d’eau, sites naturels qui débordent, embouteillages interminables, pollution, etc… En témoigne, notamment, l’article très détaillé de Corse Matin en date du 23 août dernier, qui faisait ainsi le bilan de cette période difficilement supportable pour notre île. 
Il est important de préciser que cette variation de population ne correspond pas stricto sensu au nombre de touristes se rendant en Corse, mais au nombre de personnes présentes à un instant T sur notre île. Ce n’est, bien sûr, pas la même chose. Parmi ces 430 000 personnes, on retrouve également les Corses de la diaspora, les propriétaires de résidences secondaires, les étudiants de retour, les saisonniers… Et ce, dans des proportions indéterminées. Je souhaite d’ailleurs, avec l’Observatoire de l’ATC, recueillir des données plus précises sur la typologie de voyageurs se rendant en Corse tout au long de l’année afin de mieux appréhender le problème.  
Ceci étant posé, la problématique de la fréquentation des sites est réelle, chacun aura pu le constater, et il existe des solutions à apporter, en deux temps : à très court terme et à moyen terme.  
Tout d’abord, à court terme, il est nécessaire de protéger les sites naturels victimes de leur succès, en collaboration avec les territoires.  
Ces démarches existent déjà sur notre territoire, avec le soutien de l’ATC, notamment sur les Opérations Grands Sites actuelles et à venir. Je prends pour exemple les secteurs Parata/Sanguinaires, Nebbiu Conca d’Oru ou Bunifaziu, où les opérations Grands Sites ont pour objectif notamment de procéder à l’aménagement des espaces fragiles et à la régulation de la fréquentation des visiteurs. Cela concerne essentiellement le littoral pour le moment, mais d’autres Opérations Grands Sites pourront dans le futur être mises en œuvre dans les zones montagneuses, notamment à Bavella ou dans la Restonica.  
En dehors de ces Grands Sites, l’ATC soutient activement les territoires qui désirent maîtriser la fréquentation de leurs sites naturels, cela a notamment été fait au Capu Laurosu à Prupià, et sur de nombreux sites appartenant au Conservatoire du littoral, mais également en montagne comme dans la vallée du Verghellu, celle du Fangu ou celle de la Richiusa, ou dans l’espace maritime, avec les diverses Zones de Mouillage Organisé financées tout autour de la Corse. Ces opérations permettant un contrôle et une meilleure répartition des flux humains seront intensifiées et multipliées, en mettant autour de la table l’ensemble des acteurs : Comité de Massif bien sûr, communes, intercommunalités, opérateurs privés, Parc Naturel, Office de l’Environnement… 
A moyen terme, la fréquentation doit être jugulée par un mécanisme de déconcentration touristique qui est au centre du projet politique que je mène. Je le répète souvent, mais c’est nécessaire : le phénomène de concentration touristique que connait la Corse revêt un triple aspect : temporel, géographique et de provenance. Pour simplifier, les touristes viennent tous du même endroit, ils viennent au même moment, et ils vont au même endroit. 
Notre politique touristique est celle de la déconcentration. A ce titre, nous travaillons d’ores et déjà sur un recensement et une programmation de parcours thématiques permettant la diversification et la meilleure répartition des flux touristiques. En effet, il existe de nombreux sentiers et itinéraires d’intérêt paysager exceptionnel et peu fréquentés, alors que d’autres sites comme le GR20 sont saturés. Notre travail à tous, et en particulier à l’ATC, est de faire la promotion de ces lieux. En parallèle, nous travaillons sur la promotion de notre destination auprès de publics différents, notamment à l’étranger, afin de faire baisser le taux de tourisme domestique qui oscille selon les années entre 72 et 86%. A titre de comparaison, en Sardaigne, le taux de tourisme domestique n’est que de 50%. Enfin, en abolissant l’idée même de “saison” touristique, et en faisant la promotion d’un tourisme thématique à l’année, nous connaîtrons mécaniquement une baisse de la fréquentation à l’occasion du pic estival.  
La problématique de la fréquentation des sites touristiques et de la Corse appelle donc une double réponse : une action locale, site par site, avec tous les acteurs concernés dont beaucoup sont aujourd’hui autour de la même table, et en parallèle l’impulsion d’une politique nouvelle de déconcentration touristique, qui permettra d’accueillir non pas plus ou moins de touristes, mais de les accueillir mieux. Cela implique de limiter au maximum l’impact du pic de juillet-août, d’accueillir les touristes sur une période plus longue, et de la manière la plus acceptable pour l’ensemble des Corses et pour notre terre.  
Je vous remercie.  

Angèle Bastiani

 

 

 

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