« Un dispositif inédit » : pourquoi la Corse achète 250 000 billets d’avion pour faire venir les touristes ?
Actu. fr du 16/10/25
Interrogée par l’AFP sur la conformité juridique de ce dispositif, la préfecture de Corse a La Corse va payer les compagnies aériennes pour financer la venue par avion de 250 000 touristes par an hors saison touristique. On vous explique cette première en Europe.
C’est signé. La collectivité de Corse a été autorisée, jeudi 2 octobre 2025, à valider des contrats de concession avec des compagnies aériennes : Air Corsica et Volotea en l’occurrence. Objectif ? Subventionner la venue, hors saison touristique, de 250 000 touristes par an sur l’île de beauté, sur 12 lignes aériennes. Et ce, dès ce 1er novembre 2025.
Ce « dispositif inédit » et « innovant en Europe » d’« achat public de flux aériens », tel qu’il est décrit dans le rapport du président du conseil exécutif de Corse, revient donc à ce que la collectivité de Corse se porte « acquéreur d’un volume minimum de passagers à destination de la Corse (sens aller) sur une période de quatre ans, en contrepartie de l’engagement d’exploitation de lignes par le soumissionnaire et d’un prix versé », résume le président du conseil exécutif, Gilles Simeoni.
Coût pour la Corse : 2,5 millions d’euros par an
Des achats de sièges, pour faire simple, qui devraient coûter à la Corse environ « 500 000 euros pour l’année 2025, puis 2,5 millions d’euros en année pleine » pour les quatre années prévues au contrat et pour les 12 lignes prévues.
Charge aux compagnies aériennes de s’engager alors à proposer les vols et les remplir pour acheminer les futurs visiteurs. Ce qui ne veut pas dire pour autant que les billets seront gratuits pour les passagers, mais au mieux proposés à des tarifs compétitifs, vu que chaque place concernée aura déjà été en partie subventionnée par la collectivité de Corse.
Le dispositif est concrètement le suivant : dans le cadre d’un appel public à la concurrence, la collectivité de Corse se porte acquéreur d’un volume minimum de passagers à destination de la Corse (sens aller) sur une période de quatre ans, en contrepartie de l’engagement d’exploitation de lignes par le soumissionnaire et d’un prix versé. Les contrats dont il s’agit sont des contrats de concession de services au sens du code de la commande publique, le risque d’exploitation pesant sur l’opérateur de transport.
La collectivité de Corse
Mais cet investissement devrait engendrer, à en croire l’exécutif nationaliste aux commandes, « un retour direct dans l’économie corse de 100 millions d’euros par an » avec plus de sept millions de nuitées sur quatre ans.
Des billets pas chers aux départs de Bordeaux, Nantes et Strasbourg
Parmi ces 12 lignes, neuf ont été attribuées, à compter du 1er novembre 2025, à la compagnie Volotea (Bordeaux vers Ajaccio, Bastia et Figari ; Nantes vers Ajaccio, Bastia, Calvi et Figari ; Strasbourg vers Ajaccio et Bastia).
Les autres ont été attribuées, dès le 1er avril 2026, à la compagnie régionale Air Corsica (Bruxelles-Charleroi vers Ajaccio et Bastia et Rome vers Ajaccio).
L’objectif de ce « dispositif inédit » est de « rompre avec la concentration de fréquentation durant la seule saison estivale […] pour impulser et accompagner une logique de tourisme durable, désaisonnalisé », peut-on lire dans ce rapport.
Des touristes toute l’année en Corse ? Depuis des décennies, ce sujet agite le débat public dans une société insulaire qui oscille entre rejet du « surtourisme » et hyperdépendance au tourisme, qui pèse 39 % du PIB de l’île, soit quatre fois la moyenne nationale.
Dans quelle mesure cette initiative inédite tranchera-t-elle ce dilemme ? Trop tôt pour le dire.