La suppression de lignes intérieures en France concernera toutes les compagnies aériennes
Pour éviter toute distorsion de concurrence, un arrêté va être pris pour empêcher les compagnies low cost de venir se positionner sur les lignes pour lesquelles il existe une alternative en train en moins de deux heures et demie.
Le secrétaire d’Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a tiré les choses au clair lundi sur RTL. « Nous allons demander dans le cadre du plan de sauvetage d’Air France des conditions environnementales. Parmi ces conditions, c’est effectivement qu’Air France se retire des lignes, notamment vers Orly, pour lesquelles existe unealternative ferroviaire à moins de deux heures et demie (…) Mais il n’est évidemment pas envisageable que des opérateurs quels qu’ils soient, notamment low cost, viennent s’y insérer. Donc nous prendrons un arrêté pour des raisons environnementales, compatible évidemment avec le droit européen, de manière à ce qu’il n’y ait pas, effectivement, ces effets de distorsion de concurrence », a-t-il détaillé.
Quelles lignes seront concernées par ces mesures ?
« Les lignes seront supprimées en concertation avec les régions », a indiqué le secrétaire d’Etat, évoquant des discussions qui doivent s’engager « au retour de l’été ».
Pour Air France, il s’agit vraisemblablement des destinations au départ d’Orly disposant d’une alternative ferroviaire de moins de 2h30, comme Lyon, Nantes ou Bordeaux. La compagnie réfléchit par ailleurs au transfert de liaisons exploitées par la compagnie mère vers sa propre compagnie à bas coûts Transavia qui jusqu’ici se positionnait sur le moyen-courrier.
En revanche, les navettes très fréquentées, comme Marseille, Toulouse et Nice, continueraient à être exploitées au départ d’Orly par Air France qui poursuivrait également la desserte de la Corse depuis Orly. Les vols destinés à alimenter la plate-forme de correspondance de Paris-Charles-de-Gaulle seront préservés et le « hub » de Lyon développé. Certaines routes transversales -de région à région- très déficitaires pourraient être supprimées.
Un CSE le 3 juillet
Interrogé sur les rumeurs évoquant 8 000 à 10 000 suppressions d’emplois au sein de la compagnie Air France, dans le cadre d’un plan d’économie, Jean-Baptiste Djebbari a indiqué qu’il ne pouvait pas confirmer ces chiffres. »Ce que je constate, c’est que si l’Etat n’avait pas prêté à Air France 7 milliards d’euros, ce sont des dizaines de milliers d’emplois qui seraient aujourd’hui en danger »,selon lui. « Personne (…) ne sait dire quel sera l’état du transport aérien dans six mois, dans un an, dans 18 mois », a souligné M. Djebbari. « La chose la plus rationnelle à faire, c’est ce que nous avons fait: c’était de sauver Air France-KLM, c’est de regarder en transparence et en lucidité ce qui va advenir du transport aérien et qu’Air France s’ajuste », a-t-il affirmé.
La direction d’Air France présentera aux organisations syndicales les orientations stratégiques de la compagnie et ses conséquences sur l’emploi lors d’un Comité social et économique central (CSEC) extraordinaire le 3 juillet. Selon les syndicats contactés par l’AFP, plusieurs milliers de postes sont menacés au sein de la compagnie Air France et de sa filiale régionale Hop!.
Ces suppressions doivent s’effectuer sur la base du volontariat, sous la forme de ruptures conventionnelles collectives (RCC) encore en discussion pour le personnel navigant et d’un plan de départs volontaires d’une ampleur encore inconnue pour le personnel au sol, de même source.
En attendant, le trafic d’Air France reprend progressivement depuis début juin à hauteur actuellement de 20% des capacités. Elles monteront à 35% en juillet et à 40% en août, essentiellement en France et en Europe. La compagnie ne volera pas au départ d’Orly, qui rouvre le 26 juin après près de trois mois de fermeture, avant fin août ou début septembre, sauf pour les vols vers la Corse, en raison du niveau de trafic encore très faible. Elleconcentrera son activité sur l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle.
tour hebdo du 22 juin