Le Figaro : « C’est inédit » : la Corse va financer la venue de touristes hors saison »
A lire sur Le Figaro du 24/11/25
Ce dispositif, qui consiste à financer l’achat de flux aérien hors saison touristique, garantirait l’arrivée de voyageurs en dehors de juillet et août.
«Les touristes pourront venir en janvier ou février pour 75 €, 46 € ou 38 € selon les destinations, ce qu’ils ne peuvent pas faire aujourd’hui.» Gilles Simeoni, le président nationaliste de la Collectivité de Corse est dithyrambique, lors de sa prise de parole devant l’assemblée de l’île de Beauté, en octobre dernier. Il vient de présenter un dispositif qu’il qualifie d’inédit en Europe, consistant à financer l’achat de flux aérien hors saison touristique. Un dispositif qui permet de passer des contrats de concession avec les compagnies aériennes qui s’engagent moyennant finance à ouvrir plusieurs lignes et garantir l’arrivée de touristes en dehors de juillet et août.
Un outil financé à hauteur de 2,5 millions d’euros par an par la collectivité de Corse. Après la procédure d’appel public à la concurrence, douze lignes aériennes ont été attribuées à deux compagnies attributaires : Volotea pour neuf vols domestiques – Bordeaux, Nantes, Strasbourg vers Ajaccio, Bastia, Calvi et Figari – et Air Corsica pour trois vols internationaux – Bruxelles-Charleroi vers Bastia et Ajaccio et Rome vers Ajaccio. Les décideurs attendent des retombées estimées à plus de 418 millions d’euros sur quatre ans et plus de 7 millions de nuitées.
Toucher «une clientèle à haute valeur ajoutée»
Pour justifier un tel dispositif, la collectivité de Corse entend sortir du tourisme de haute saison. 73% de la fréquentation touristique se fait entre juin et septembre sur l’île, alors que le poids du tourisme dans l’économie insulaire est cinq fois plus important que la moyenne française. Sur les quatre années du contrat qui commence d’ici la fin de l’année, la Collectivité de Corse impose aux compagnies un trafic garanti contractualisé qui sera compris entre un minimum et un maximum : «Ce tourisme à l’année permettra de toucher une clientèle à haute valeur ajoutée qui est intéressée par le tourisme culturel, patrimonial, gastronomique, assure Gilles Simeoni, devant les élus de l’assemblée de Corse. Il a vocation à profiter à tous les territoires de l’île. Les contraintes structurelles actuelles, qui pèsent sur nous, ne permettent pas d’avoir ce flux annuel.»
Reste que cette opération comporte des risques sur le plan juridique. L’État ne s’est pas encore prononcé clairement sur le sujet et d’autres entités pourraient y voir une atteinte à la libre concurrence : «Je ne peux pas garantir que ce dispositif ne sera pas contesté, ajoute Gilles Simeoni. Il est innovant, donc il n’y a pas de jurisprudence. Je n’ai pas de garantie de l’État. Il n’a pas dit non, il n’a pas dit oui. Je ne pense pas qu’il s’opposera à un mécanisme sécurisé juridiquement et vertueux économiquement et socialement.»
Le doute persiste aussi sur la position qu’adoptera Bruxelles ou sur un éventuel recours d’une compagnie aérienne : «Nous voulons avancer parce que les gains que nous escomptons et qui découlent de cette décision sont infiniment supérieurs aux risques encourus». En cas de succès, la CDC entend lancer le même dispositif vers Londres, Munich ou Francfort, Genève et Milan.
