Tourisme en Corse : un bilan en demi-teinte
L’Agence du Tourisme de Corse a récemment publié les chiffres de la fréquentation touristique de cet été. Si, malgré la crise sanitaire, le scénario catastrophe ne s’est pas matérialisé, la situation reste cependant préoccupante pour de nombreux professionnels du secteur.
Le pire a-t-il été évité ? À en croire la publication des chiffres du tourisme par l’Agence du tourisme de la Corse (ATC), il semblerait que l’année blanche tant redoutée ne se soit pas matérialisée.
Si la fréquentation est loin d’atteindre celle des années précédentes, elle est cependant meilleure que le craignait nombre d’observateurs.
« Au mois de juin, nous étions à – 80% de fréquentation dans le secteur du transport aérien et à – 70% dans le maritime. Aujourd’hui, nous sommes à -25% dans l’aérien et -30% dans le maritime. »
» Le rattrapage s’est fait la dernière quinzaine de juillet, » analyse Nanette Maupertuis, présidente de l’ATC.
Une analyse qui se veut optimiste pour la suite. Et que certains professionnels du secteur ont du mal à partager.
Des campings en souffrance
Ainsi, si, selon l’ATC, « dans l’hébergement, le taux de remplissage du mois de juillet se situe entre 40% et 60%« , la fréquentation est très inégale : alors que les gîtes présentent un taux d’occupation de 60%, les campings sont à la traine, avec seulement 20%.
« La différence par rapport à l’année dernière est énorme, confirme la gérante du camping Les mimosas, à Ajaccio. Nous n’avons pas encore fini de tirer les chiffres, mais on a bien -60% d’occupation pour les mois d’août et de juillet. »
« Là, par exemple, depuis deux jours, on est au ras des pâquerettes : sur les 50 emplacements, il n’y en a même pas 25 d’occupés. Et on ne parle pas de gros groupe, mais juste une ou deux personnes pour chaque.«
Seule bonne nouvelle : les prestations de location de l’établissement accusent une baisse de « seulement » 20%. « Ce sont surtout des clients réguliers, donc ceux qui n’ont pas pu venir en mai ou en juin ont décalé leur séjour pour septembre ou l’année prochaine. »
Côté camping par contre, la situation financière est « très compliquée » : « On attend de voir jusqu’à la fin de saison le 15 septembre, mais si ça ne s’arrange pas, je ferme le camping et je licencie les employés. Et on verra en avril de l’année prochaine comment ça va se passer. » .
Même constat pour ce patron d’un camping en Haute-Corse : « Je m’attendais à des chiffres en deçà de nos moyennes, mais là, c’est terrible. »
« L’an dernier, déjà, la saison avait été moyenne, mais en comparaison aujourd’hui, elle a l’air super. À ce rythme-là, ça devient très compliqué pour nous de garder tous nos employés.«
Pour ce professionnel, difficile d’entendre parler d’un « rattrapage saisonnier » survenu à partir de la mi-juillet. « Les quelques clients en plus que nous avons eu comparativement à juin où tout était presque désert ne vont pas nous sauver la saison.«
Plusieurs autres secteurs économiques impactés
L’interdépendance de plusieurs secteurs économiques insulaires avec celui du tourisme aura également eu pour conséquence le ralentissement de l’activité pour nombre d’entreprises, hors de l’hôtellerie-restauration : autocaristes, guides touristiques, entreprises du BTP ou encore producteurs de bières ont ainsi souffert de la crise sanitaire.
Le résultat de difficultés structurelles, selon l’ATC : faiblesse démographique, absence de marché intérieur et structures touristiques locales composées à 44% de PME, souvent familiales, n’ayant pas les moyens des grands groupes pour résister à la crise.
Le pari de l’arrière-saison
Pour nombre de profesionnels du secteur, tous les espoirs reposeny désormais sur l’arrière-saison. Une période caractérisée comme « charnière » par l’ATC : « à l’image des autres destinations, on mise chez nous sur la période de septembre à novembre. Le soleil est de la partie, la chaleur étouffante en moins.«
La stratégie présentée par l’ATC pour accompagner la reprise mise sur 4 piliers : la promotion du tourisme social et solidaire, afin de « favoriser la redécouverte de l’île par ses habitants« , le lancement d’une campagne de communication nationale, la mise en place des nouveaux circuits patrimoniaux et itinéraires de découverte, et enfin l’adoption de mesures législatives.
Les députés nationalistes auraient ainsi relayé la demande de l’agence ; de même que celle des professionnels, à savoir l’exonération totale de charges. « La balle est dans le camp du gouvernement« , souffle-t-on du côté de l’Agence de tourisme de la Corse.
En espérant que ces mesures parviennent à pallier les pertes enregistrées par le secteur.
Le tourisme, clé de voûte de l’économie corse
Le tourisme corse représente :
- 31% du PIB insulaire (24% hors transports) contre 7% pour la moyenne nationale
- 2,5 milliards de dépenses
- 590 millions de dépenses de transport (maritime et aérien)
- 410 millions de dépenses dans l’hébergement formel
- 10% d’emplois à l’année avec un pic de 17% d’emplois pendant la période estivale (Soit 20.000 emplois
France3 Viastella du 24/08